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Le double rôle des entrepreneurs sociaux

Publié le 20 février 2020

par Robert Bonneau Associé principal  

La croissance économique est généralement présentée comme une vertu. Elle génère de l’emploi, de la richesse, permet aux sociétés de se développer. Ce discours est décliné sous plusieurs angles et dans divers milieux, politique, fiscal, éducatif, éditorial, social, médical et se conclut invariablement et inévitablement de la façon suivante : sans croissance, point de salut. Dans un contexte où les dépenses publiques sont à la hausse, le bien-être d’une société se mesure à sa croissance économique et à tous ses indicateurs de performance associés.

D’aucuns diront, et ils sont de plus en plus nombreux, que la production à l’excès au nom de la croissance dépasse les limites physiques de la planète et la croissance économique se réalise dès lors aux dépens de l’environnement qui en souffre, s’effectue en accentuant les écarts de richesse et dans un climat de pression généralisée qui engendre des problèmes de santé. Cela crée de surcroît une iniquité intergénérationnelle.

D’autres soulèveront, en guise d’exemple, l’impact sur le secteur agricole puisque la croissance oppose la monoculture à la culture diversifiée, engendrant par le fait même de plus grandes distances de la terre à l’assiette et une production plus polluante en raison du transport et d’un modèle requérant davantage de pesticides.

Enfin, la relation entre les changements climatiques, notamment le réchauffement de la planète, la consommation d’énergies fossiles et l’émission de GES, elles-mêmes corrélées avec l’activité économique, est maintenant mondialement reconnue comme on a pu le constater avec le consensus obtenu lors de la COP 21 (Paris), même si depuis des pays ont pu s’en dissocier.

Pourtant, les idéologies sont tenaces et les comportements individuels peut-être plus difficiles encore à changer. Par exemple, les tenants de la croissance en tant que levier utile au progrès de l’humanité diront qu’il ne faut pas freiner l’économie et proposeront d’investir dans des technologies propres et de faire confiance aux progrès de la science même si à ce jour rien n’indique, bien au contraire, que cette stratégie soit « nette positive ».

Les cadres et périmètres philosophiques deviennent des lignes rigides qui se superposent parfois à d’autres enjeux tels la distribution de richesse qui conduiront, par exemple, à débattre du commerce équitable. S’ajoutent aussi des questions d’utilisation et de récupération des ressources sur des thèmes de gaspillage et de recyclage et qui, loin de se simplifier, peuvent rendre les positions des acteurs quasi-irréconciliables. Quasi.

Les entrepreneurs sociaux

De plus en plus, on voit des gens qui ont choisi la voie de l’action, de l’innovation et de l’entrepreneuriat pour faire la démonstration de la viabilité d’un modèle économique alternatif dont les bénéfices ne se mesurent pas qu’en revenus et profits. Tout en livrant biens et services à leur collectivité, ils ont pour objectif de le faire de manière globalement positive, c’est-à-dire en étant viables, en créant de la valeur sociale et en réduisant les impacts environnementaux de leurs activités.

Simples en principe, leurs modèles d’affaires se heurtent aux schémas des modèles traditionnels fortement ancrés dans nombre d’institutions financières, gouvernementales et légales pour ne nommer que celles-ci. Comment expliquer au banquier que l’objectif de son entreprise est de faire une contribution positive au monde et pas uniquement de faire du profit ? Comment discuter d’un plan d’affaires dont l’objectif est de réduire les déplacements des citoyens par le partage plus efficace d’informations détenues par divers ministères? Pour y parvenir, il faut changer les paradigmes d’une pensée dominante voire hégémonique et briser des silos. Il faut faire « bouger les lignes » des cadres et périmètres rigides d’une pensée trop longtemps basée sur le profit et la croissance.

Au Québec

L’entrepreneuriat social gagne en importance et son écosystème est en forte croissance. Cependant, il y a encore beaucoup à faire. Pour illustrer la tâche colossale que représentent les changements de paradigmes, prenons qu’un seul exemple. Les Québécois, collectivement opposés à « l’énergie sale », fiers de leur hydroélectricité, ont augmenté leur niveau de motorisation (véhicules par millier d’habitants) de 486 à 570 de 2013 à 2018 soit une hausse de 17 % alors que l’augmentation de leurs achats de camions légers (minifourgonnettes, VUS, camionnettes) s’est accrue de 61 % de 2012 à 2018 pendant que les ventes de voitures (20 % moins polluantes) déclinaient de 31 % sur la même période. Cet exemple illustre l’effort requis en sensibilisation et le travail additionnel que représente la mission des entrepreneurs pour convertir les discours de sympathie en actions concrètes.

Des situations similaires où, par réflexe ou par des comportements conditionnés par des modèles économiques ou des préjugés, existent dans tous les secteurs de la vie citoyenne et ferment des portes à des alternatives plus favorables à la cohésion et l’inclusion sociale.

L’entrepreneur social doit comprendre les règles du marché, leur obéir bien souvent tout en présentant une alternative de consommation d’un bien ou d’un service qui profitera à la collectivité plutôt que lui nuire. Il est constamment en train de jouer un double rôle : vendre son produit ou son service et vendre aussi le concept d’une action sociale positive.

L’Esplanade

Située au cœur du Mile-Ex et du quartier de l’intelligence artificielle, l’Esplanade est le premier accélérateur et espace collaboratif dédié à l’entrepreneuriat et à l’innovation sociale au Québec. Afin de relever collectivement les défis sociaux et environnementaux, l’Esplanade s’est donné comme mission de catalyser une communauté d’entrepreneurs, d’innovateurs et d’organisations, ainsi que de les accompagner à accroître leurs impacts et à pérenniser leurs projets.

Depuis maintenant 5 ans, l’Esplanade occupe une position enviable dans l’écosystème entrepreneurial québécois en réunissant et accompagnant les entrepreneurs et organisations désireux d’avoir un impact sociétal positif. Elle a permis à Montréal de rejoindre des métropoles internationales telles que Londres, Singapour et San Francisco, en se dotant d’un accélérateur dédié à cette communauté comme vecteur de développement économique et de transformation sociale.

En collaboration avec de nombreux partenaires, l’Esplanade a développé, en plus de son espace et de sa programmation événementielle, un parcours d’accompagnement composé de 4 programmes et d’une plateforme d’investissement afin de soutenir les entrepreneurs, les dirigeants, les institutions et les territoires dans le développement de leurs projets et ultimement, accroître leur impact.

L’Esplanade ouvre ses portes à toutes les formes juridiques d’entreprises : à but lucratif, OBNL et coopératives. Ces dernières peuvent produire, créer et vendre des produits et services qui génèrent des revenus et des profits, bien que ce dernier élément ne soit pas l’unique mesure de leur succès.

Forte de son modèle d’affaires, de l’inspiration de ses fondateurs, de la qualité de son équipe et de son CA et du soutien de ses partenaires, l’Esplanade a connu une croissance rapide et son impact dans son milieu est à la fois reconnu et plus fort que jamais.

 

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